Quels sont les coûts de production et le prix de vente actuels de l’éthanol ?

L’éthanol français est donc actuellement beaucoup trop cher. La différence entre le coût de fabrication de l’éthanol et le prix de vente de l’essence, c’est-à-dire 20 centimes par litre, sera financée par le contribuable. Cependant, est-on certain que les mesures fiscales d’exonération de TIPP seront reconduites ? Certains parlent à ce sujet de subventions déguisées à l’agriculture. Des recours en justice au niveau européen et mondial sont possibles, tant contre les exonérations de taxes que contre les barrières douanières qui sont nécessaires pour protéger la production française. En effet, l’éthanol brésilien obtenu à partir de la canne à sucre étant trois fois moins cher que le français, son arrivée sur le marché européen risque donc de ruiner les producteurs si des mesures protectionnistes conséquentes ne sont pas prises. Cependant ces mesures ne sont pas compatibles avec la politique mondiale de libre échange.
L’éthanol ne trouvera donc sa rentabilité que pour un prix du baril de pétrole supérieur à 100 dollars. Si le prix du pétrole, qui a flambé au début de l’année, donnait l’espoir de pouvoir réduire le déficit de rentabilité de l’éthanol, cette tendance s’est inversée, et l’OPEP semble vouloir retrouver un prix autour de 50 dollars le baril, soit moitié moins que nécessaire pour rentabiliser l’éthanol.
Prix du pétrole sur 1 an en dollar

. Union pétrolière.EV.UP Suisse.
Parallèlement, comment évolue le prix du blé ?
Source AGPB.
Après être restés relativement stables depuis 2004, les prix ont sérieusement monté. Cette croissance est liée à plusieurs facteurs : pénurie après une mauvaise récolte, croissance de la population mondiale et augmentation de la demande de blé énergétique pour des usines construites dans d’autres pays. Il ne faut pas oublier une éventuelle spéculation des marchés financiers. Cette tension sur les prix indique que ce marché est devenu instable.
L’approvisionnement en blé français est-il assuré ? Rien n’est moins sûr, tout dépend des marchés. Dans quelques années, les agriculteurs seront sollicités pour la production de bioénergies, non seulement du blé, mais aussi du colza, du tournesol, de la betterave… et surtout de la biomasse dont la valeur énergétique en tep/ha est bien meilleure avec un impact environnemental limité et des coûts de production bien moindres. Une étude INRA indique un rendement net de 6tep/ha. Ce type de production serait donc suffisamment rentable pour s’affranchir de subvention. Il est probable que de nombreux agriculteurs vont profiter de l’occasion pour tenter d’effacer leur réputation de pollueurs chasseurs de primes en privilégiant cette filière non polluante et rentable. Par ailleurs, le développement de chaudières à copeaux et granulés de bois ou à blé va stimuler la demande de blé à brûler.
Quelle espérance de durée de fonctionnement pour des usines d’éthanol de blé ?
En supposant que l’approvisionnement en blé soit assuré assez longtemps, le rendement de cette filière étant très insuffisant, elle sera remplacée par la production de biocarburants à partir de biomasse. On estime que la technologie nécessaire sera au point dans les 10 ans à venir. Au cours de ces 10 ans, il est très improbable que les investissements effectués pour l’éthanol de blé soient amortis.
L’éthanol de blé ne sera rentable pour les investisseurs que :
- si les subventions et exonérations de taxes sont maintenues.
- si le prix du blé baisse.
- si le prix du pétrole double.
- si l’éthanol brésilien est bloqué aux frontières.
- si l’approvisionnement en blé est assuré.
1 commentaire:
La canne à sucre est plus interressante...
Le bilan énergétique de l’éthanol est très positif. Démonstration avec le cas brésilien :
Le secret de l’efficacité du modéle brésilien réside dans le choix de la matiére premiére qui est utilisée, en l’occurence la canne à sucre.
La canne à sucre est de loin l’input le plus adapté : il permet un double usage compétitif.
1 tonne de cannes = 750 Kg de melasse, soit 100 litres d’éthanol + 250 Kg de bagasse, soit 220 kwh d’électricité (alimentation de la station de raffinage + revente du surplus de production kWh, référence actuelle du site de Bois Rouge à la Réunion).
Le bilan énergétique de l’éthanol produit à partir de canne à sucre est ainsi très positif puisqu’il n’y a pas besoin de pétrole. La combustion de la bagasse (qui alimente des turboalternateurs à haute pression) permet de produire plus d’électricité que ne nécessite le fonctionnement de la distillerie. Le surplus d’électricité produit peut ainsi être vendu à un opérateur.
Les conditions géographiques et sociales au Brésil sont très favorables :
- Coût de la main d’œuvre < US, Canada et Europe
- Climat favorable à la culture de la cannes (région de Sao Paulo)
Les autres inputs alternatifs (mais, blé et betterave) ne présentent pas les mêmes avantages énergétiques :
rendement en éthanol inférieur, pas de résidu pour alimenter un business model d’énergie complémentaire (pas d’autonomie énergétique de la station de raffinage et pas de revenus sur la revente de kWh excédentaires).
http://blog.ethanol-energy.fr
NM
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