vendredi 29 décembre 2006

Le magazine 60 millions de consommateurs en parle aussi

Le magazine de l'INC consacre également un article sur l'éthanol dans sa parution de Janvier 2007 (n° 412) !
Moins complet que "Que choisir ?" il n'est pourtant pas sans intérêt.
A lire ...

samedi 23 décembre 2006

le Magazine "Que choisir ?" de Janvier 2007 en parle !

L'Ethanol est passé au crible par l'association des consommateurs Que Choisir ? à ne pas manquer.
Tous à vos kiosques pour ce no (444), un forum y est ouvert ici !

Les grandes manoeuvres dans le monde agricole commencent

LE SURENDETTEMENT TEREOS PAR LE RACHAT DE SIRAL CONTAMINE DANGEREUSEMENT
LES COOPERATIVES
CEREALIERES LANCEES A CORPS PERDUS DANS LA FILIERE
ETHANOL.
« ADHERENTS REVEILLEZ-VOUS ! »


Le 05 janvier 2006 nous apprenions déjà que Syral battait de l’aile.
12 mois après, Le 05 décembre nous apprenions que Nordzucker AG jetait l’éponge en vendant ses 50% de participation à Téreos.

Aujourd’hui nous attendons de découvrir les très mauvais résultats financiers de Syral.

M.Duval, bercé depuis plus de 40 ans aux douces louanges du sucre roi, n’a jamais possédé les
capacités d’un vrai chef d’entreprise qui à chaque instant se trouve confronté à la libre concurrence du marché.

Aujourd’hui, il est dépassé par les évènements et lui qui priait l’OMC de venir le libérer d’un encadrement trop strict du marché des sucres et alcools se retrouve enfermé dans un surendettement grandissant qui, si son entêtement continue, risque à court terme de conduire Téreos au dépôt de bilan.

Notre Jean-Marie Messier du sucre ne va plus pouvoir encore longtemps berner les adhérents
endormis par des promesses utopiques.

L’éthanol à l’instar du GPL n’a aucun avenir dans un pays qui ne roule qu’au diesel surtout lorsque sa rentabilité ne tient qu’à un fil en premier lieu grâce à l’approvisionnement en matières premières agricoles non rémunératrices pour le paysan coopérateur et en second lieu grâce une défiscalisation en guise d’épée de Damoclès.

L’éthanol européen est un chant des sirènes qui risque de faire voguer le bateau Téreos vers de
déchirants écueils. Les adhérents, tous sur le pont, pourront bien alors prier un dieu pour qu’il leur donne un ultime sauveur, mais les dieux de notre temps ne se remuant qu’au son de l’argent n’auront que faire de ces mendiants en guenilles.


Jean-Claude Désesquelles


PS : Téreos ramasse non seulement tous les canards boiteux tels Beghin Say et maintenant Syral dont personne ne veut mais en plus il les paie au prix fort accentuant d’autant son surendettement.
Ces entreprises ne valent aujourd’hui plus que l’euro symbolique mais le remboursement de la dette est lui bien réel.
Les dirigeants de Nordzucker ont senti le vent tourner et à l’instar de beghin Say doivent sauter de joie d’avoir trouvé le mégalomane et paranoïaque dirigeant de Téréos, M. Duval, pour leur enlever l’épine du pied.



SYRAL,

l’entreprise qui produit du sirop de glucose à Marckolsheim (Bas-Rhin) va supprimer 34 emplois sur 286, pour faire face à un effet de ciseau entre la hausse de ses coûts (notamment énergie) et une baisse des prix de vente. Ce plan social qui comprend un certain nombre de propositions de
reclassement au sein du groupe, s’inscrit dans un programme général d’économie destiné à restaurer la rentabilité. Co-entreprise, formée par le numéro deux mondial du sucre Tereos (France) et par l’Allemand Nordzucker, Syral a enregistré une perte nette d’environ 1 million d’euros en 2005 pour un chiffre d’affaires qui est passé de 176,7 à 173 millions d’euros.« Nous sommes impactés par une baisse des prix et par une chute des débouchés », analyse Denis
Brun, directeur administratif et financier de l’entreprise. La situation résulte notamment de la réforme du régime sucrier européen, inscrite dans le contexte des négociations de l’OMC, qui rend le sucre plus compétitif. Syral, qui transforme 400 000 tonnes de maïs par an et 150 000 tonnes de blé, mise sur la diversification vers des produits à plus forte valeur ajouté pour améliorer sa situation. Les hydrolysats (sirop de glucose de base), qui comptaient pour 83 % du chiffre d’affaires voici dix ans, en représentent aujourd’hui moins de 30 %.
Gilbert Reilhac
@ Rédaction L'Usine Nouvelle
>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>

vendredi 22 décembre 2006

Information Exclusive

Le 21 décembre, l'Association Foncière de Marnay sur Seine vient de céder pour 8.000 € le chemin longeant la CD619 au Conseil Général de l'Aube plutôt qu'à sa commune !

Les raisons sont les suivantes :
Le CG est porteur du projet de l'installation de l'usine d'éthanol de blé Soufflet et veut coûte que coûte que cette dernière se fasse dans le Nogentais (près du siège de l'entreprise), contrairement à la commune de Marnay sur Seine qui souhaite que cette usine chimique soit loin des habitations et des sites protégés.
Or pour accéder sur le terrain enclavé du site choisi par l'industriel sans concertation locale, il faut utiliser ce fameux chemin.
C'est donc tout naturellement que le CG a acheté pour le compte de la multinationale Soufflet, ce chemin.
La mairie de Marnay sur Seine pour sa part dans le cadre de la mise en place de son Plan Local d'Urbanisme souhaitait se porter acquereur du chemin dans une autre logique qui visait à inscrire ce périmètre dans une zone protégée.

Les Agriculteurs locaux avaient donc le choix et ont tranché.
Ils prennent fait et cause pour l'usine dans l'espoir de vendre le blé qu'ils auront cultivé à partir des semences qui leur seront fournies par ... Soufflet !

Les choix purement économiques auront eu raison des risques lourds que vont entraîner l'installation de cette usine Seveso à quelques mètres des premières habitations.

tract distribué cette semaine !


L’ASSOCIATION SEINE LIBRE VOUS INFORME

Ce que pensent les institutionnels de l’éthanol de blé :

La production de biocarburants permet certes d'économiser de l'énergie fossile, mais avec un
rendement énergétique médiocre.
Il faut consommer plus de 0,8 tep d'énergie fossile dans la filière éthanol et plus de 0,5 tep dans
la filière colza. (tep = tonne équivalent pétrole)
Ce prix de revient est le triple de celui du carburant classique pour l'ester de colza et le
quadruple pour l'éthanol.
La décision d'exonérer les biocarburants de la TIPP, loin d'être une mesure destinée à
économiser l'énergie, est en réalité une mesure de soutien au secteur agricole.
A supposer que nous puissions consacrer 8 % de la surface agricole utile à la production de
biocarburants, la production correspondante serait de 3,4 Mtep/an, à comparer aux 47,5 Mtep/an de carburants consommés en France et aux 9 Mtep/an de biomasse d'ores et déjà utilisées comme combustibles, et ce en l'absence de toute subvention.
Le Réseau Action Climat-France
http://www.rac-f.org/DocuFixes/IDS/IDS46.pdf
Éthanol : une fausse solution écologique
L'engouement du gouvernement français pour l’agroéthanol relève plus d'un souci de garantie
de débouchés pour l'agriculture en anticipation des modifications prochaines de la
Politique Agricole Commune (PAC) que de considérations économiques ou écologiques.
Mais cette diminution (d’émission de CO2) n'est pas aussi importante que pourrait nous le laisser croire les chiffres officiels en faveur de l'éthanol, tous issus d'une même étude aujourd'hui
controversée, effectuée par PriceWaterhouseCoopers pour l'Ademe et la Direm en 2002
La filière éthanol de betterave ou de blé présente un rendement énergétique très faible. Cette
filière ne permet pas non plus de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de façon
significative par rapport à l’essence classique.

Pour produire une tonne d’équivalent pétrole (tep) d’agrocarburant, il faut dépenser 0,91tep pour l’éthanol de blé, et 0,84 tep pour l’éthanol de betterave.
Si à cela on ajoute les effets dévastateurs sur la qualité de l'eau et la biodiversité des méthodes
d'agricultures intensives, les agrocarburants sont loin d'être aussi avantageux que le laisse croire
le gouvernement.

Le coût de l’essence hors TIPP et hors TVA est de 38 euros/ hl (prix moyen sur les 10 premiers
mois de 2005)
Ainsi, 1 tonne de blé se valorise de la manière suivante :
1 t blé = 2,31 hl d’essence x 38 euros/hl + 0,35 t de drèche x 100 euros/t - 40 euros/hl x 3,5 hl
(frais d’extraction), ce qui donne un résultat négatif de : -16,33 euros / tonne
Même si le producteur donne gratuitement son blé, la filière éthanol n’est pas rentable !

La rentabilité des filières de biocarburants risque de ne jamais être atteinte.
La lutte contre l’effet de serre ne peux justifier à elle seule le soutien accordé aux biocarburants.
Alors pourquoi développer les filières biocarburants ?
La réponse vient des producteurs de blé eux même.
http://www.arvalisinstitutduvegetal.fr/fr/com_detail.asp?id=202

Ainsi, nous ne sommes pas vraiment étrangers aux dernières nouveautés législatives.
L'introduction d'une pénalité fiscale en cas de non-incorporation est le fruit du travail mené au
sein de notre groupe céréalier.
La production de ce carburant vert doit générer en outre plusieurs milliers d'emplois et surtout
conforter le revenu des producteurs de céréales.
Actuellement, le marché doit être protégé des importations ultra-concurrentielles venues du
Brésil.
La collectivité, c’est-à dire nous les contribuables, devons donc payer pour une filière non rentable,ni pour la réduction de l’émission de CO2, ni pour la production de carburants, simplement pourpréserver le niveau de vie des céréaliers qui sont les plus gros pollueurs depuis 50 ans, et grâce àqui notre eau, source de vie, est devenue un poison.
ne pas jeter sur la voie publique
Association SEINE LIBRE
2, Ruelle de la commune - 10400 Marnay-sur-Seine

lundi 18 décembre 2006

quand le sénat mettait en garde !

Rien à faire ! le gouvernement et les politiques locaux aubois s'entêtent .

Le senat a pourtant déjà répondu sur l'incertitude des carburants d'origine végétale.

A vous de lire le débat parlementaire

et les réflexions de la commission ensuite

quand la coordination rurale s'en mêle pour critiquer l'Ethanol

ceux qui pensent sauver les (petits) agriculteurs ont tout faux !

dernières analyses sur les carburants d'origine végétale

Les biocarburants
Expertise http://www.dossiersdunet.com/article859.html


lundi 23 octobre 2006, par Henri Prévot


Voir en ligne : "Facteur 3" en 30 ans
L’auteur de cette analyse, Henri Prévot, est ingénieur général des mines, et fera paraître un ouvrage "Trop de pétrole ! - surabondance d’énegie fossile et changement climatique" aux éditions du Seuil en janvier 2007.



Un produit aujourd’hui inutilement coûteux ; demain nécessaire si la décision politique est prise de réduire beaucoup les émissions de gaz carbonique
- La technique : biocarburant, comme aujourd’hui, à partir seulement de l’huile ou du sucre, ou, comme demain, à partir de tout le carbone organiques
- Le prix : tentatives de prévision des prix
- Alors aujourd’hui, que décider au sujet du biocarburant ? _ Il ne semble pas pertinent de vouloir dès aujourd’hui augmenter la production de biocarburant ; mieux vaut commencer par brûler la biomasse. _ une variante qui combine fiscalité, réglementation et instruments de marché pour suivre un chemin optimum : dans un premier temps développer l’usage chaleur et mettre au point des techniques efficaces de production de biocarburant, puis développer l’usage du biocarburant..

Au sujet de l’effet de serre, le biocarburant a une position très particulière.

Si l’on veut diminuer les émissions de gaz à effet de serre seulement de 20 ou 30 % par rapport à la tendance, il ne faut surtout pas faire de biocarburant. C’est du pur gaspillage. Mieux vaut brûler du blé ou de la betterave dans des chaudières de chauffage collectif ou industriel que d’en faire du biocarburant - il vaut encore mieux brûler du bois, évidemment ou d’autres cultures qui produisent beaucoup de biomasse : on peut compter jusqu’à 15 tonnes par hectare.

Mais si l’on veut diviser par deux ou trois nos émissions de gaz à effet de serre, il est nécessaire de faire du biocarburant. Ce fut une surprise. _ J’étais d’avis que produire du biocarburant est du pur gaspillage et c’est exact aujourd’hui. Mais pour "boucler" un tableau de ressources et d’emplois de l’énergie en divisant par trois (par habitant) les émissions de gaz carbonique, je me suis rendu compte qu’il faut passer par le biocarburant car, même en stabilisant la consommation d’énergie par le transport et en utilisant au maximum l’électricité pour la propulsion des voitures et des petits tilitaires, et compte tenu de la limite d’émission de gaz carbonique, il n’y a pas assez de carbone fossile pour faire tout le carburant dont le transport a besoin. La seule autre possibilité technique serait en effet l’hydrogène produit à partir d’électricité nucléaire, dont la production, la distribution et l’utilisation dans les voitures seraient hors de prix.

Par ailleurs, ce tableau croisé des ressources et des emplois montre que parmi les formes d’énergie qui sont utilisées le biocarburant est sans doute celle qui coûte le plus cher, en incluant les dépenses engagées par le consommateur pour pouvoir utilisr l’énergie (il se peut néanmoins que l’usage de l’électricité dans des véhicules bi-énergie coûte aussi cher, peut-être plus). C’est donc le coût du biocarburant, augmenté des impôts qu’il supportera (taxe transport et TVA) qui indiquera le niveau de prix de l’énergie - sur la fiscalité de l’énergie, voir ici.

Ainsi, une forte diminution des émissions de gaz carbonique change le "statut" du biocarburant. De produit inutilement coûteux il devient un produit nécessaire et, qui plus est, le produit dont le prix de revient déterminera le prix de l’énergie.

Mais décider de beaucoup diminuer les émissions de gaz à effet de serre n’est pas une affaire de marché ou d’équilibre économique (puisque il y a trop de carbone fossile dans le monde). C’est une affaire purement politique. Il appartient au politique, non au marché, de décider du niveau d’émission et, en même temps, pour être cohérent, du prix de l’énergie.

Une orientation a été donnée par le gouvernement comme l’indique un communiqué du ministre de l’agriculture.

Un rapport récent montre que les efforts demandés aujourd’hui aux consommateurs pour financer le biocarburant sont très coûteux : 150 €/tonne de CO2 pour remplacer du gazole, 300 ou 400 €/tonne de CO2 pour faire de l’éthanol. Il est publié sur le site du ministère de l’industrie.

Il faut donc expliquer comment nous calculons volume et prix du biocarburant.

La technique

Aujourd’hui le biocarburant est formé à partir d’éthanol, un produit miscible à l’essence, ou à partir d’huile, pour faire un produit diesel. L’éthanol se fait par distillation de sucre, à partir de blé ou de betterave surtout. Le second se fait à partir de plantes oléagineuses, le colza par exemple ; par une opération simple, l’huile est estérifiée, ce qui forme un "diester", assimilable au diesel.

Dans notre scénario nous appelons avec le même mot de "biocarburant" un carburant produit différemment, à partir de tous les composants de la plante, notamment la cellulose, l’hémicellulose et la lignine.

Deux voies sont possibles, une voie thermochimique et une voie biologique.

Dans la voie thermochimique, dite aussi "voie chaude", la matière organique, quelle qu’elle soit, huile, sucre, lignine ou cellulose, est gazéifiée (en la chauffant à 1300 degrés environ) ; il se dégage alors un "gaz de synthèse" formé de gaz carbonique, de vapeur d’eau, d’oxyde de carbone et d’hydrogène. Ces deux derniers corps sont très réactifs. Par des synthèses contrôlées en fonction de la température et avec des catalyseurs bien choisis (synthèses Fischer-Tropsch), à partir de ce gaz il est possible de produire les hydrocarbures que l’on souhaite, liquides ou gazeux - et même de l’hydrogène moins cher qu’à partir de l’eau. On peut produire ainsi de l’excellent carburant.

Tout le carbone de la plante est utilisé, soit sous forme de produit, soit pour fournir l’énergie dont on a besoin pour produire le gaz de synthèse puis pour faire la synthèse de l’hydrocarbure. Sans apport de chaleur extérieur, on dit que la réaction est "autothermique". En autotherme, les rendements matière escomptés, par rapport à la matière sèche, sont de 15 % : 0,15 tonne de biocarburant pour 1 tonne de matière organique. Avec apport d’énergie extérieure, ils pourraient monter à 30 %.

On peut aller plus loin. En effet, la proportion d’hydrogène par rapport au carbone est, dans la plante, plus faible que dans les hydrocarbures. La plante est en C6H9O4 c’est à dire qu’il y a 3 atomes d’hydrogène pour 2 de carbone alors que dans les hydrocarbures il y a 2 atomes d’hydrogène par atome de carbone soit 4 pour 2 de carbone. Il est donc possible de mieux utiliser le carbone de la plante en apportant de l’hydrogène. Alors le rendement matière théorique est de 58 % ; retenons qu’en pratique il pourrait être de 45 ou 50 %. Il est plus exact de dire qu’avec 100 tonnes de matière première et un apport d’hydrogène, on peut produire 45 ou 50 tonnes de carburant liquide ayant les caractéristiques d’un carburant pétrolier, c’est à dire 45 à 50 tonnes d’équivalent pétrole - tep.

On peut aussi envisager d’introduire encore plus d’hydrogène dans le gaz de synthèse pour produire du méthane. Cela n’augmentera pas beaucoup le poids mais augmentera beaucoup le pouvoir énergétique puisque chaque atome de carbone portera alors 4 atomes d’hydorgène au lieu de deux.

La "civilisation de l’hydrogène" n’est pas pour demain !
On voit donc en passant que la meilleure façon d’utiliser l’hydrogène dans la propulsion des véhicules n’est pas de l’utiliser tel quel soit dans des moteurs thermiques soit dans des piles à hydrogène mais de le "greffer" sur du carbone organique pour augmenter de 70 % le rendement matière. certes, il faut dans les deux cas produire de l’hydrogène mais, par la voie biocarburant, on évite une nouvelle motorisation et tout un circuit de transport et de distribution et aussi tous les risques que fait courir l’uilisation de l’hydrogène !

Dans la voie biologique, la matière lignocellulosique, la cellulose et l’hémicellulose sont attaquées par des enzymes qui en font de l’éthanol. Il faut d’abord suffisamment déstructurer la lignine pour que les enzymes puissent faire leur travail puis il faut une distillation pour récupérer l’éthanol. Beaucoup reste à faire, du moins en Europe (car il se peut que d’autres pays soient plus avancés) pour sélectionner ou créer des enzymes suffisamment efficaces et pour s’assurer de la stabilité et de la fiabilité des processus. Ce procédé, s’il peut être mis au point, sera moins consommateur d’énergie que le procédé thermochimique ; il pourra utiliser la lignine pour fournir l’énergie dont il a besoin, mais ne pourra jamais l’utiliser comme matière première. De plus, il fournit seulement de l’éthanol ce qui ne convient pas au marché des carburants, orienté massivement, en Europe, vers le diesel.

Pourquoi cette préférence pour le diesel ? L’Europe a fixé aux constructeurs des normes d’émission de gaz carbonique qu’il est moins difficile d’atteindre avec des moteurs diesel. Comme la quantité de biocarburant est fixée par l’effort budgétaire (puisque le biocarburant est détaxé), il n’est pas étonnant que le diesel soit préféré à l’essence. Les agriculteurs auraient bien tort de penser que cela signifie que les industriels préfèrent a priori la colza au blé ou à la betterave ou la voie sèche à la voie humide !

Les rendements à l’hectare

Avec les techniques utilisées aujourd’hui, avec un hectare de terre le rendement net de production de biocarburant est en moyenne de 1,2 tonne par hectare - rendement net veut dire que l’on enlève toute l’énergie apportée de l’extérieur, qui est souvent de l’énergie émettrice de gaz carbonique. C’est une moyenne car la betterave donne beaucoup plus et le blé donne moins par exemple.

Avec le procédé par gazéificiation et synthèse, comme on l’a dit plus haut, le rendement massique serait de 15 % sans apport de chaleur extérieure (15 tonnes de biocarburant pour 100 tonnes de matière sèche), 30 % avec apport de chaleur extérieure et 50 % avec apport d’hydrogène.

La chaleur extérieure et l’hydrogène devront être produits sans émissions de gaz carbonique, c’est à dire à partir d’énergie nucléaire ou à de fossile avec séquestation de gaz carbonique.

La production des arbres à croissance rapide ou de plantes sélectionnées pour la quantité de matière organique produite peut être de 15 tonnes par hectare et par an.

La production de biocarburant serait donc de l’ordre de 2,2 tep nette par hectare et par an sans apport de chaleur extérieure. En moyenne, il est prudent de compter un peu moins. Il faut aussi ôter les émissions de gaz carbonique dues aux engrais, à l’énergie mécanique (labours, transports), soit environ 10 % (avec des variétés végétales qui consomment peu d’engrais). Retenons donc entre 1,8 et 2 tep par hectare et par an. Ce rendement passera à près de 4 avec apport de chaleur extérieure et à plus de 6 avec apport d’hydrogène !

Dans notre scénario de "division par trois" des émissions, nous avons supposé que le rendement est de 2,5 tep par hectare et par an, soit qu’un tiers de la chaleur de réaction serait d’origine non organique, c’est à dire une chaleur nucléaire ou à partir d’énergie fossile avec séquestration du gaz carbonique. Avec apport d’hydrogène le rendement serait très supérieur

Les possibilités de cette deuxième voie sont plus grandes : on recherchera donc, non pas les plantes qui font le plus de sucre ou d’huile, mais celles qui font le plus de matière organique, comme la maïs, le critical ou d’autres plantes organiques ou encore les taillis à croissance rapide et à courte révolution ; on choisira les plantes qui conviennent le mieux au terrain et qui ne demandent pas trop d’eau ni d’engrais.

Les prix

Même pour les biocarburants produits aujourd’hui, on a un peu de mal à connaître le coût de production. On peut penser que ce coût n’est pas supérieur au prix hors taxes, sachant que les biocarburants jouissent d’une exonération de TIPP très importante, presque totale en ce qui concerne les diesters, qui se substituent au diesel. Au début 2004, le prix moyen de vente du gazole à la pompe était de 81 €/hl TTC, donc 68 €/hl hors TVA. Le prix hors toutes taxes était de 26 €/hl, la TIPP de 42 €/hl. Le prix hors toute taxes du diester rendu à la pompe était de 60 €/hl. Si la production augmente beaucoup, le coût du diester diminuera certainement.

Le coût du biocarburant tient compte d’une aide agricole à la production des plantes qui servent à la production de biocarburant, et l’impact de cette aide va certainement changer. Cette aide peut être aujourd’hui de 400 €/ha (c’est un maximum) soit, pour un rendement moyen de 1,2 tep/ha, 330 €/tep, soit 26 €/hl. Sans aide à l’agriculture et hors taxe, le prix à la pompe du diester serait donc aujourd’hui de 86 €/hl soit 1000 €/tep.

coefficients de conversion :
- Le super pèse 755 kg par m3, le gazole 845 kg par m3
- Une tonne de super vaut 1,05 tep ; une tonne de gazole vaut 1 tep
- 1 tep de super émet 0,83 tonne de carbone (TC) dans l’atmosphère, 1 tep de gazole 0,86 TC _ - Le diester a les même caractéristiques que le gazole.

A l’avenir le paysage sera différent car les rendements de production de biocarburant par hectare seront doublés ou triplés et l’on ne sait pas quelle sera la subvention à l’agriculture ou à la sylviculture.

Le rendement de production de biocarburant par hectare augmentera pour plusieurs motifs différents : une plus grande utilisation de la matière organique par hectare (car la production organique srea plus grande et on utilisera une plus grande partie de la matière produite) et un meilleur rendement massique de l’utilisation de la matière utilisée (grâce à un apport de chaleur extérieure et, plus tard, un apport d’hydrogène).

Si le rendement de production de biocarburant à l’hectare est doublé, voire triplé, l’effet de la subvention à l’hectare s’estompe mais les coûts de production à la tonne produite diminueront.

Les calculs faits par le CEA conduisent, selon la taille de l’installation à des résultats différents. en comptant le coût de production de la matière organique et les frais financiers, mais sans compter les bénéfices, le coût de production du biocarburant sortie usine serait, tel qu’il est aujourd’hui calculé, de 74€/hl à 51 €/hl selon la taille de l’installation, soit autour de 60 €/hl ou 720 €/tep. Pour avoir le prix hors taxe à la pompe, il faut ajouter le coût du transport et de la distribution (6 €/hl) et des bénéfices (3 €/hl pour un bénéfice de 5 %) soit environ 70 €/hl. Le carburant produit par gazéification et synthèse aura des caractéristiques aussi proches que l’on veut des carburants d’aujourd’hui et même peut-être plus performantes. On peut donc compter que 1 tonne de ce biocarburant fera 1 tep.

Retenons comme hypothèse que le prix à la pompe hors taxe est de 80 €/hl . En ajoutant une taxe transport égale à la TIPP aujourd’hui appliquée au gazole (soit 43 €/hl) et la TVA on arrive à 1,45 €/l .

C’est le niveau de prix qu’il est prudent de retenir. Par rapport au prix de 2006 (environ 1,1€ par litre de gazole), c’est une augmentation, en monnaie constante ce 1 centime d’euro par litre tous les ans , en monnaie constante.

On peut aussi dire, en tenant compte de l’inflation (si elle est de 2 % par an) que le prix augmenterait chaque année de 3 centimes d’euros par an, deux pou l’inflation et un pour le climat - cela, indépendamment du prix du pétrole.

Ce prix peut être inférieur si la production agricole en amont est aidée : une subvention de 400 €/ha a un effet de 0,1 à 0,15 €/litre.

Antérieurement, nous parlions ici d’un carburant à 1,3 €/l. Il est plus prudent de parler de 1,45, sans aides à l’agriculture.

Voici donc un ensemble de données cohérentes et plausibles : coûts techniques hors subventions à l’agriculture : 780 €/m3 ; taxe transport : 430 €/m3

prix du carburant : 1210 €/m3 HTVA, soit 1450 €/tep TTC ou 1,45 €/l

Subventions agricoles : 400 €/ha soit 150 €/m3. Alors le prix à la pompe est environ de 1,3 €/l

Sur la fiscalité, voir ici.

En fait, il n’est pas nécessaire de connaître aujourd’hui le montant exact. Il suffirait d’une augmentation modérée et régulière chaque année dès aujourd’hui, jusqu’à ce que le prix du carburant suffise à payer le coût du biocarburant et les taxes.

Naturellement, tous les chiffres sont exprimés en monnaie constante.

Sur les possibilités offertes par la biomasse comme base de production de biocarburant : de 1 à 10

Soit une quantité de biomasse QBM qui aujourd’hui permet de faire assez de biocarburant pour parcourir 100 km
Avec la même quantité

- en utilisant non pas seulement le sucre, l’amidon ou les huiles mais toute la biomasse, on pourra parcourir 200 km
- avec un apport de chaleur extérieur, on utilisera deux fois plus de carbone comme matière première du biocarburant ; on pourra alors parcourir 350 km
- avec un apport d’hydrogène on pourra utiliser tout le carbone organique comme matière première d’un hydrocarbure liquide et on aura ajouté le pouvoir énergétique de l’hydrogène ajouté : on pourra parcourir 500 km
- en ajoutant encore plus d’hydrogène, on formera du méthane ; comme on aura ajouté encore plus d’hydrogène sur la même masse de matière organique, le pouvoir énergétique de l’hydrogène, on pourra parcourir 800 km (chiffre à valider)

Voilà une façon commode de transporter et distribuer l’hydrogène

Si le biocarburant est inutilement cher ou nécessaire

Que décider aujourd’hui ?

Si l’on n’a pas pris la décision de beaucoup diminuer les émissions de gaz à effet de serre, ce serait du gaspillage que d’augmenter la quantité de biocarburant subventionnée à grands frais tant du côté de la production agricole par des subventions que du côté de la consommation par des dégrèvements fiscaux.

Si l’on prend aujourd’hui la décision de beaucoup diminuer les émissions de gaz carbonique, on sait que l’on aura besoin de produire du biocarburant. Cela ne veut pas dire qu’il faille augmenter la production dès maintenant, bien au contraire. Cela veut dire qu’il faut dès maintenant se préparer pour pouvoir en produire et en consommer beaucoup sans peser sur le budget de l’Etat.

Voici une séquence possible :

Dans l’immédiat :

pousser au maximum la recherche industrielle pour mettre au point des techniques de production qui utilisent le maximum de carbone organique (gazéification, hydrolyse biologique puis apport de chaleur extérieure puis d’hydrogène)

pousser la recherche et les essais de culture de plantes qui produisent le maximum de carbone organique et développer sans tarder ces cultures

utiliser cette biomasse dans les réseaux de chaleur

ne pas augmenter la production de biocarburant avec les techniques actuelles - car il y a beaucoup mieux à faire

donc : utiliser les moyens budgétaires consacrés à la biomasse à développer l’usage thermique de ces variétés très productives de biomasse

engager une hausse progressive, continue et régulière du prix du carburant pour atteindre d’ici une trentaine d’années un prix suffisant pour payer le coût complet du biocarburant (y compris les taxes sur le carburant) - voir ici une variante qui combine fiscalité et réglementation.

Note : l’alinéa précédent a été écrit avant la hausse de 2005 : la hausse des prix est engagée, certes, beaucoup plus rapidement que ce que prévoit le scénario (1 cme d’€ par litre et par an). Mais, même un niveau de prix du pétrole à 65 $/bl ne suffit pas à financer du biocarburant.

Dans les années à venir

Dès que les nouvelles techniques seront industriellement au point, même sans apport de chaleur extérieure créer des usines de production de biocarburant

continuer de développer les cultures très productives de carbone organique et en utiliser le produit pour faire du biocarburant

augmenter - ou laisser le marché augmenter - le prix du carburant de la façon la plus progressive possible

régler la production de biocarburant en fonction des moyens budgétaires disponibles tant que le prix n’aura pas atteint le niveau qui permet de payer complètement les coûts de production

ultérieurement, apporter de la chaleur "sans carbone" puis de l’hydrogène pour augmenter la production de biocarburant par hectare de culture.

Il n’est pas pertinent de fixer a priori un taux de croissance de la consommation de biocarburant

Ce processus montre que la consommation de biocarburant ne doit pas avoir un taux de croissance régulier. Par contre il serait efficace de rechercher une croissance régulière des surfaces cultivées pour les usages énergétiques. Construire aujourd’hui des usines de biocarburant sur des techniques qui seront dépassées dans quelques années demande que l’on y consacre des moyens financiers (sous forme de réductions de TIPP ou d’une autre façon) alors que les mêmes moyens seraient beaucoup mieux employés à développer l’usage de la biomasse comme chaleur, notamment par le financement de réseaux de chaleur . Voir ci-dessous une méthode possible.

Redisons qu’il faut aussi financer dès maintenant la recherche industrielle et agronomique et s’engager dans une croissance régulière du prix à la consommation finale du carburant..

voir la feuille sur la fiscalité de l’énergie

Une variante qui combine réglementation et fiscalité : utiliser les instruments fiscaux pour développer l’usage de la biomasse comme source de chaleur

Il pourrait être commode de faire obligation à tout fournisseur de carburant d’incorporer une quantité minimum de biocarburant et de le laisser libre du type de biocarburant qu’il utilisera. Alors, le prix du carburant sera ajusté pour couvrir les dépenses : il sera égal non pas au coût de production de biocarburant mais au coût moyen du carburant, d’origine pétrolière et organique. Mais, si ce minimum augmente régulièrement, cette méthode ne conduit pas à suivre le chemin optimum que nous proposons : dans un premier temps recherche et augmentation des usages thermiques de la biomasse, puis rapide augmentation de la production et de l’utilisation de biocarburant.

C’est pourquoi il serait recommandé de laisser aux fournisseurs de carburant la possibilité de répondre à leur obligation en rendant possible l’utilisation supplémentaire de matière organique non pas pour faire du biocarburant mais pour faire de la chaleur . Pour donner de la souplesse, il est possible d’envisager l’utilisation d’instruments de marché : des certificats négociables que les fournisseurs pourront acheter à des opérateurs qui vendront de la biomasse de chaleur dans des conditions à préciser. Pour un même montant financier, l’efficacité du point de vue des émissions de gaz carbonique sera quatre à cinq fois supérieure à l’usage de la biomasse comme biocarburant !

Éthanol comme dans... électoral

Ceux qui suivent, même de loin, la politique américaine, ont dû rigoler comme moi en entendant la ministre fédérale de l’environnement, Rona Ambrose, réunir ses homologues provinciaux pour annoncer qu’il devrait y avoir cinq pour cent d’éthanol dans l’essence au Canada, à compter de 2010.Parce que tout le monde sait qu’aux Etats-Unis, les subventions à la production d’éthanol sont largement considérées comme l’un des exemples les plus évidents de gaspillage des fonds publics et ne survivent que pour des raisons strictement politiques. Ou, plus précisément, à cause du calendrier électoral des campagnes à la présidence.L’État qui produit le plus de maïs et d’éthanol aux Etats-Unis est l’Iowa. Or, c’est aussi, en janvier à tous les quatre ans, l’État qui lance le long processus du choix des candidats à la présidence des Etats-Unis.

C’est connu, quiconque a des ambitions présidentielles devient presque automatiquement un grand partisan des subventions à l’éthanol. Sinon, il est inutile de songer à se présenter aux caucus de l’Iowa. Et passer son tour en Iowa, ça regarde bien mal…Cet article tiré du quotidien USA Today illustre bien ce qui se passe dès qu’on débat des subventions à l’éthanol au Sénat américain. On voit tout de suite qui a des ambitions et qui n’en a pas.C’est tellement connu que ça se retrouve même dans les œuvres de fiction. Les amateurs de la série West Wing – qui sont sans doute encore en deuil ! – se souviendront que le candidat républicain Arnold Vinick se retrouve confronté à tout un dilemme quand il fait campagne en Iowa en ayant, pendant toute sa carrière, voté contre le gaspillage que constituait l’éthanol. C’était une transposition à peine voilée de ce qui était arrivé au sénateur républicain John McCain avant les élections de 2000. Signe que McCain est candidat à la présidentielle de 2008, il a commencé à modifier sa position sur l’éthanol. Autrefois, il aimait à répéter que l’éthanol n’était bon «ni pour les consommateurs, ni pour les contribuables, ni pour l’environnement».Pour ceux qui doutaient encore que Hillary Clinton serait candidate à la présidence en 2008, sachez qu’elle a fait son «coming out» en faveur de l’éthanol pas plus tard qu’hier. Autrefois, elle votait contre les subventions à l’éthanol, comme McCain.On calcule qu’entre 1979 et 2001, aux Etats-Unis, les subventions à l’industrie de l’éthanol ont coûté 11 milliards de dollars aux contribuables américains. Le coût devrait atteindre deux milliards par an d’ici 2012. Mais, sans ces subventions, l’industrie de l’éthanol s’écroulerait tout simplement.Outre qu’ici aussi, il faudrait des subventions à la fabrication d’éthanol, il faut noter que le Canada ne produit pas le quart du maïs qui serait nécessaire pour fabriquer les cinq pour cent d’éthanol requis pour atteindre l’objectif de Mme Ambrose. Une telle transformation de l’agriculture canadienne serait, en soi, une catastrophe écologique. Ce gouvernement qui suit de près ce qui se passe aux Etats-Unis devrait pourtant le savoir : l’éthanol n’est qu’une grosse balloune électorale. Mais comme c’est un passage obligé des campagnes présidentielles, cela assure la survie de ce ballon qui coûte cher et n’a jamais donné les résultats escomptés. Les groupes environnementaux canadiens disent que si l’éthanol est une bonne idée, ce n’est pas une manière réaliste d’atteindre nos objectifs du Protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre. Bref, le gouvernement Harper vient d’importer une autre politique environnementale chez nos voisins du Sud. Mais, ici aussi, ce ne sera rien d'autre qu’un ballon électoral.

source : canadienne

Ils ont dit sur l'E85

Le 9 octobre, le ministre de l'Economie inaugurait la première pompe parisienne à biocarburant E85. « E » pour éthanol, « 85 » pour la proportion de ce carburant vert dans ce mélange. Cinq cents pompes vertes devraient fleurir en France en 2007. Bon pour la planète ? « Non, bon pour les agriculteurs », décrypte un consultant en environnement, qui affirme « ne pas comprendre pourquoi ce plan a été présenté comme une mesure écologique, alors qu'il s'agit d'un plan de soutien aux agriculteurs ». La mesure est aussi électoraliste, puisque ses bénéficiaires seront d'abord les gros producteurs de la FNSEA, syndicat proche de l'Elysée. Le bilan énergétique et environnemental de l'éthanol est en revanche notoirement insuffisant pour lutter contre l'effet de serre.

S. C.
©2006 20 minutes

Les candidats à l'Elysée rivalisent d'idées en faveur de la planète. Louable, mais pas toujours sincère. « Je les ai presque tous rencontrés. Pas un ne maîtrise le sujet, sauf peut-être Bayrou », assure le consultant.

dimanche 17 décembre 2006

Premières révoltes au Canada contre l'éthanol

2 octobre 2006
Radio-Canada.ca

Une première usine en Atlantique

L'entreprise Agritech Ethanol veut construire une première usine de production d'éthanol en Atlantique, dans la petite municipalité de Georgetown, à l'Île-du-Prince-Édouard. Quelques citoyens et des militants du Parti vert se sont montrés inquiets des répercussions écologiques d'un tel projet.

Les dirigeants d'Agritech Ethanol, le ministre provincial de l'Environnement et le maire de Georgetown étaient fiers d'annoncer que la municipalité de 750 habitants deviendrait bientôt la première en Atlantique, et même en Amérique du Nord, à produire de l'éthanol à partir de betteraves et de mangues. Ces matières premières seront entièrement cultivées par producteurs de la province.

Le maire, Michael Gallant, a indiqué qu'il avait peine à croire qu'on ait choisi sa communauté pour un tel projet.

Toutefois, ce qui devait être une nouvelle réjouissante s'est rapidement transformé en un débat. Des militants du Parti vert ont soulevé plusieurs questions de nature écologique, notamment sur la pollution de l'air et la surconsommation d'eau dans la production d'éthanol.
Les militants ont placé sur la défensive le président d'Agritech Ethanol, Marc Lowe, ses partenaires investisseurs et les représentants du gouvernement.

Visiblement, personne n'était en mesure de répondre clairement aux inquiétudes des citoyens et des militants. Les autorités assurent toutefois que l'usine, qui servira de projet pilote, devra respecter toutes les normes environnementales en vigueur.

Ethanol : une fausse bonne idée écologique !

Premier volet d'analyses répondant aux industriels qui se lancent dans l'éthanol !

cliquer ici

L’Ethanol de blé, un investissement à haut risque.

Investir dans l’éthanol de blé, est-ce une solution économiquement viable ? Quelles sont les potentialités du secteur ?


Quels sont les coûts de production et le prix de vente actuels de l’éthanol ?


L’éthanol français est donc actuellement beaucoup trop cher. La différence entre le coût de fabrication de l’éthanol et le prix de vente de l’essence, c’est-à-dire 20 centimes par litre, sera financée par le contribuable. Cependant, est-on certain que les mesures fiscales d’exonération de TIPP seront reconduites ? Certains parlent à ce sujet de subventions déguisées à l’agriculture. Des recours en justice au niveau européen et mondial sont possibles, tant contre les exonérations de taxes que contre les barrières douanières qui sont nécessaires pour protéger la production française. En effet, l’éthanol brésilien obtenu à partir de la canne à sucre étant trois fois moins cher que le français, son arrivée sur le marché européen risque donc de ruiner les producteurs si des mesures protectionnistes conséquentes ne sont pas prises. Cependant ces mesures ne sont pas compatibles avec la politique mondiale de libre échange.
L’éthanol ne trouvera donc sa rentabilité que pour un prix du baril de pétrole supérieur à 100 dollars. Si le prix du pétrole, qui a flambé au début de l’année, donnait l’espoir de pouvoir réduire le déficit de rentabilité de l’éthanol, cette tendance s’est inversée, et l’OPEP semble vouloir retrouver un prix autour de 50 dollars le baril, soit moitié moins que nécessaire pour rentabiliser l’éthanol.

Prix du pétrole sur 1 an en dollar



. Union pétrolière.EV.UP Suisse.


Parallèlement, comment évolue le prix du blé ?

Source AGPB.


Après être restés relativement stables depuis 2004, les prix ont sérieusement monté. Cette croissance est liée à plusieurs facteurs : pénurie après une mauvaise récolte, croissance de la population mondiale et augmentation de la demande de blé énergétique pour des usines construites dans d’autres pays. Il ne faut pas oublier une éventuelle spéculation des marchés financiers. Cette tension sur les prix indique que ce marché est devenu instable.

L’approvisionnement en blé français est-il assuré ? Rien n’est moins sûr, tout dépend des marchés. Dans quelques années, les agriculteurs seront sollicités pour la production de bioénergies, non seulement du blé, mais aussi du colza, du tournesol, de la betterave… et surtout de la biomasse dont la valeur énergétique en tep/ha est bien meilleure avec un impact environnemental limité et des coûts de production bien moindres. Une étude INRA indique un rendement net de 6tep/ha. Ce type de production serait donc suffisamment rentable pour s’affranchir de subvention. Il est probable que de nombreux agriculteurs vont profiter de l’occasion pour tenter d’effacer leur réputation de pollueurs chasseurs de primes en privilégiant cette filière non polluante et rentable. Par ailleurs, le développement de chaudières à copeaux et granulés de bois ou à blé va stimuler la demande de blé à brûler.

Quelle espérance de durée de fonctionnement pour des usines d’éthanol de blé ?

En supposant que l’approvisionnement en blé soit assuré assez longtemps, le rendement de cette filière étant très insuffisant, elle sera remplacée par la production de biocarburants à partir de biomasse. On estime que la technologie nécessaire sera au point dans les 10 ans à venir. Au cours de ces 10 ans, il est très improbable que les investissements effectués pour l’éthanol de blé soient amortis.

L’éthanol de blé ne sera rentable pour les investisseurs que :
- si les subventions et exonérations de taxes sont maintenues.
- si le prix du blé baisse.
- si le prix du pétrole double.
- si l’éthanol brésilien est bloqué aux frontières.
- si l’approvisionnement en blé est assuré.