vendredi 22 juin 2007

Le secteur européen des biocarburants lutte pour sa survie

par Nigel Hunt

LONDRES, 13 juin (Reuters)
- Le secteur des biocarburants en Europe lutte pour sa survie à cause de l'explosion des prix des céréales et des huiles végétales qui l'empêche d'être rentable.

"La situation est grave en ce moment en Europe. La production a chuté en raison du manque de disponibilité des matières premières à un prix raisonnable" commente l'analyste Robert Outram du cabinet de consultants Frost and Sullivan.
"Certaines usines sont à l'arrêt. Beaucoup de personnes peinent à trouver des financements".

L'Union européenne s'est engagée à augmenter les biocarburants pour baisser les émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports, qui contribuent au réchauffement climatique. Les biocarburants en Europe sont principalement produits à partir d'huile végétale et de céréales mais le prix des ces matières premières a nettement augmenté ces derniers mois.

"Il faut trouver des investisseurs avec des poches bien garnies parce qu'ils ne vont pas tout de suite se faire de l'argent", estime Robert Whitlock, directeur industriel des récoltes de Frontier, coentreprise entre le groupe américain Cargill et le britannique Associated British Foods . Il pense pourtant que les prix des céréales finiront par baisser.

" La réponse des agriculteurs est partout la même, face aux prix élevés, ils produisent plus. Un jour, vous verrez que la demande finira par être dépassée par l'offre et les prix dégringoleront".

La banque agricole néerlandaise Rabobank a estimé en début de semaine que les marchés des céréales pourraient rester volatiles pour les cinq prochaines années, jusqu'à ce que l'offre rattrape la demande.
"Je suis d'accord avec les cinq ans" a affirmé Robert Withlock à Reuters.

LA RETICENCE DES BANQUES
L'augmentation des coûts a en outre contraint certaines usines à interrompre leur production. En Espagne, le groupe Abengoa a ainsi fermé temporairement sa plus grande usine de bioéthanol à Salamanque.
En Allemagne, Martin Tauscke, directeur de l'association des carburants renouvelables BBK, a déclaré cette semaine que les producteurs de biodiesel travaillaient à 50% de leur capacité. Les producteurs de biocarburants allemands ont en plus souffert cette année d'une fiscalité moins avantageuse, ce qui a ajouté une pression supplémentaire sur les marges du plus grand producteur européen.

"Le marché ne croit plus à l'avenir de l'industrie des biocarburants en Allemagne et certains se demandent même si elle survivra à la prochaine hausse d'impôts en janvier 2008", a expliqué Martin Tauscke à Reuters.
La plupart des banques sont évidemment réticentes à financer des projets risqués sans rapide retour sur investissement.
L'entreprise britannique Ensus a eu toutes les peines du monde à obtenir des financements pour construire une usine de bioéthanol dans le nord-est de l'Angleterre mais le projet a pu voir le jour grâce au soutien de deux fonds d'investissement américains, Carlyle et Riverstone.
En prenant des risques, les fonds espèrent des retours à la hauteur. Les banques sont plus prudentes.

"Nous aimerions vraiment nous impliquer dans certains projets de biocarburants et nous avons regardé la plupart d'entre eux", assure Steve Ellwood, chef du secteur Agriculture chez HSBC. "Nous avons besoin d'un mécanisme qui nous assure que les prix de production de biocarburant et les prix des matières premières puissent d'une manière ou d'une autre être équilibrés, mais nous n'avons pas encore trouvé de moyen pour cela".
"Nous avons des prix trop volatils (...), c'est ce qui fait que c'est vraiment difficile de financer un projet", a-t-il ajouté. /MC/VT

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